68

13 août 1989, La Nouvelle-Orléans, Louisiane.

 

Pitt dormit pendant presque toute la durée du trajet tandis que Giordino était aux commandes. Le soleil brillait dans un ciel d’azur lorsque le petit appareil survola les eaux bleues du lac Pontchartrain pour aller se poser sur l’aéroport installé sur sa rive. Le jet aux couleurs de la N.U.M.A. s’arrêta à côté d’un hélicoptère portant sur ses flancs l’inscription Delta Oil Ltd.

Un homme en costume clair descendit d’une voiture garée non loin. Il ôta ses lunettes noires et tendit la main à Pitt qui s’extirpait du cockpit du Lear.

« Mr. Pitt ? fit-il avec un sourire dévoilant des dents étincelantes dans un visage bronzé.

— Oui.

— Clyde Griffin, F.B.I., agent spécial responsable des opérations sur le terrain en Louisiane. »

Giordino sauta à terre et Pitt effectua les présentations avant de demander :

« En quoi pouvons-nous vous être utile, Mr. Griffin ?

— Notre directeur m’a chargé de vous rappeler que le F.B.I. ne pouvait vous fournir aucune aide officielle pour vos recherches.

— Je ne me souviens pas d’en avoir réclamé.

— J’ai dit aucune aide « officielle », Mr. Pitt. (Les dents blanches étincelèrent à nouveau.) Maintenant, à titre privé, nous sommes dimanche et Mr. Emmett nous a bien précisé que ce que faisaient les agents de leur jour de congé ne regardait qu’eux. J’ai avec moi huit hommes qui pensent que votre entreprise est plus importante que leur partie de golf hebdomadaire.

— Emmett a donné sa bénédiction à votre projet ?

— Tout à fait entre nous, Mr. Pitt, il a insinué avec une certaine insistance que si nous ne retrouvions pas le vice-président rapidement, il me botterait le derrière de telle sorte que je ne pourrais plus m’asseoir à mon piano pendant au moins quinze jours.

— On vous a expliqué ce que nous cherchions ?

— Oui, acquiesça Griffin. Une barge fluviale. Nous en avons déjà vérifié plus de deux cents entre ici et Bâton Rouge.

— Vous avez donc concentré vos efforts sur le nord. Moi, je pensais plutôt au sud. » L’agent du F.B.I. ne dissimula pas son scepticisme :

« La plupart des cargos et des pétroliers sont déchargés ici et leur cargaison ensuite acheminée au nord par trains de péniches. Bien peu de barges naviguent dans le delta à l’exception de celles transportant des ordures destinées à être jetées en pleine mer.

— Raison de plus pour chercher dans cette direction. »

Griffin désigna l’hélicoptère en déclarant :

« Mes hommes attendent dans des voitures au bord du fleuve. Nous pourrons les diriger d’en haut.

— Delta Oil est une bonne couverture ?

— Les appareils des compagnies pétrolières fourmillent dans le coin, le rassura Griffin. On les utilise sans cesse pour amener des hommes et du matériel sur les plates-formes offshore et les pipelines sillonnant les bayous. Personne ne fait plus attention à eux. »

Pitt s’excusa un instant pour remonter à bord du jet de la N.U.M.A. et en ressortir aussitôt avec son étui à violon. Il rejoignit les autres dans l’hélicoptère où on lui présenta le pilote, une jeune femme blonde aux yeux rêveurs qui s’exprimait avec l’accent traînant du Sud. Pitt ne l’aurait jamais prise pour un agent du F.B.I. Elle s’appelait Jane Hogan.

 « Vous allez jouer du violon ? demanda-t-elle avec curiosité.

— Oui. C’est pour calmer ma peur de l’altitude, répondit-il en souriant.

— On voit vraiment de tout de nos jours », murmura-t-elle en haussant les épaules.

Ils attachèrent leur ceinture tandis que l’appareil décollait pour survoler La Nouvelle-Orléans avant de virer au sud.

Un petit tramway vert longeait l’avenue St. Charles et les rails brillaient sous les rayons du soleil qui filtraient à travers les arbres. Pitt aperçut l’immense toit blanc du Superdome, la plus grande structure sportive au monde. Ils laissèrent sur leur droite les maisons et les rues étroites du quartier français, la pelouse de Jackson Square et les flèches de la cathédrale St. Louis, puis arrivèrent au-dessus des eaux boueuses du Mississippi.

« Le voilà, annonça Jane Hogan. « Old Man River », comme on le surnomme.

— Vous avez déjà navigué dessus ? demanda Griffin à Pitt.

— Oui. J’ai eu l’occasion de faire des recherches historiques il y a quelques années sur des épaves de la guerre de Sécession. C’était dans le comté, ou plutôt la paroisse comme on dit en Louisiane, de Plaquemines.

— Je connais un excellent petit restaurant dans le coin…

— Moi aussi. Chez Tom. Les huîtres, en particulier, sont fameuses.

— Pour en revenir aux choses plus sérieuses, vous avez une idée de l’endroit où la barge pourrait être dissimulée ? demanda Griffin.

— Concentrez vos recherches sur un quai ou un entrepôt qui paraisse plutôt délabré mais qui soit bien protégé par des gardes, des barbelés ou même des chiens. La barge, probablement rouillée et en mauvais état apparent, devrait être amarrée non loin. Je dirais quelque part entre Chalmette et Pilottown.

— On ne peut atteindre Pilottown que par bateau, expliqua l’agent du F.B.I. La route se termine juste avant une ville appelée Venice.

— Excusez mon erreur. »

Ils restèrent quelques minutes silencieux, regardant le paysage qui défilait au-dessous d’eux, petites fermes avec quelques vaches paissant dans les pâturages et les orangeraies qui s’étiraient le long des digues allant se perdre dans les marécages. Ils survolèrent Port Sulphur avec ses appontements immenses sur la rive occidentale et, au-delà, ses émanations de soufre qui s’élevaient du sol plat et empoisonné.

Ce fut peu après qu’eut lieu la première des trois fausses alertes. A quelques kilomètres au sud de Port Sulphur, ils repérèrent une conserverie abandonnée avec deux péniches ancrées à proximité. Griffin contacta par radio ses hommes qui suivaient en voiture. Une visite rapide leur apprit que le bâtiment était désert et que les péniches ne contenaient que de l’eau de cale croupie.

Ils continuèrent en direction du golfe, survolant les marais et les bayous, apercevant quelques cerfs, des alligators qui se chauffaient au soleil dans la boue et un petit troupeau de chèvres qui levèrent les yeux avec une curiosité indifférente sur leur passage.

Un énorme cargo remontait le fleuve. Pitt parvint à distinguer son pavillon.

« Un russe, annonça-t-il.

— Les soviétiques représentent un important pourcentage des cinq mille bateaux qui touchent chaque année La Nouvelle-Orléans, expliqua Griffin.

— Vous voulez examiner cette barge ? demanda Jane Hogan en tendant le bras. Celle qui est derrière cette drague sur la rive orientale ?

— Celle-là, nous allons nous en occuper nous-mêmes, fit l’agent du F.B.I.

— Bien, acquiesça la jeune femme. Je vais nous poser sur la digue. »

Elle amena habilement l’hélicoptère à l’endroit voulu. Griffin descendit et alla explorer la péniche. Trois minutes plus tard, il était de retour.

« Rien ? demanda Pitt.

— Non. Pratiquement une épave. Elle est à moitié remplie de mazout et doit servir à la drague pour se ravitailler en carburant. »

Pitt regarda sa montre. 14 h 30. Le temps passait vite, trop vite. Encore quelques heures et Moran prêterait serment en tant que Président.

« Continuons », fit-il simplement.

Une dizaine de kilomètres plus loin, ils repérèrent une barge suspecte dans un chantier de réparation. Nouvel échec.

Ils arrivèrent près des petits ports de pêche d’Empire et de Buras. Brusquement, au détour d’un méandre, leur apparut une vision jaillie du glorieux passé du Mississippi, un spectacle de toute beauté et presque oublié, celui d’un vapeur à roues, coque blanche étincelante, panache de fumée serpentant au-dessus de ses ponts, l’avant aplati comme niché contre la rive occidentale.

« Un fantôme de Mark Twain, murmura Giordino.

— Quelle merveille ! fit Pitt en admirant les bois sculptés de la superstructure à plusieurs étages.

— Le Stonewall Jackson, déclara Griffin. C’est depuis soixante-dix ans l’une des principales attractions de la région. »

Les passerelles du bateau avaient été abaissées devant une vieille forteresse de brique en forme de pentagone. Un grand nombre de voitures étaient garées sur l’esplanade tandis qu’une foule de gens se pressaient sur les remparts. Un nuage de fumée s’élevait au-dessus de deux rangées de soldats qui paraissaient échanger des coups de feu.

« Qu’est-ce qu’on célèbre ? demanda Giordino.

— La déclaration de guerre, répondit Jane Hogan.

— Pardon ?

— Ils rejouent une bataille historique, expliqua Pitt. Des hommes passionnés par cette époque ont reconstitué les brigades et les régiments de la guerre de Sécession. Ils revêtent d’authentiques uniformes et tirent des balles à blanc avec les armes originales ou leurs imitations. J’ai déjà assisté à un tel spectacle à Gettysburg. C’est très impressionnant, presque autant que la réalité.

— Dommage que nous n’ayons pas le temps d’aller voir, regretta Griffin.

— La paroisse de Plaquemines fait le bonheur des historiens, ajouta la jeune femme. Ce bâtiment en forme d’étoile où se déroule la fausse bataille s’appelle Fort Jackson. Quant à Fort Philip, du moins ce qu’il en reste, il se trouve juste de l’autre côté du fleuve. C’est à partir de là que l’amiral Farragut a pris La Nouvelle-Orléans pour le compte des Yankees en 1862. »

Chacun pouvait facilement s’imaginer les combats meurtriers qui avaient opposé les canonnières de l’Union aux batteries des Confédérés. Tout à présent était calme et le flot, paisible, coulait au-dessus des épaves des navires qui avaient sombré durant la bataille.

Jane Hogan, soudain, se pencha en avant et tressaillit. Elle venait d’apercevoir un cargo qui, l’avant pointé vers l’aval, était amarré à un vieux dock en bois attenant à un vaste entrepôt métallique. Juste derrière, il y avait une barge et un pousseur.

« C’est peut-être la bonne, fit-elle simplement.

— Vous arrivez à lire le nom du navire ? » demanda Pitt.

La jeune femme lâcha une fraction de seconde les commandes pour mettre sa main en visière.

« On dirait… Non, c’est le nom de la ville que nous venons de survoler.

— Laquelle ?

— Buras.

— Nom de Dieu ! s’écria Pitt avec un accent de triomphe dans la voix. Je crois que cette fois on les tient !

— Personne sur le pont, nota l’agent du F.B.I. Vous avez peut-être trouvé le bon endroit, mais je ne vois aucune trace de gardes ou de chiens. Tout me paraît bien calme.

— Ne vous y fiez pas, répliqua Pitt. Continuez comme si de rien n’était, Jane, et dès que nous serons hors de vue, virez vers l’ouest et contactez vos hommes dans les voitures. »

La jeune femme conserva son cap pendant environ cinq minutes puis elle décrivit un arc de cercle pour aller se poser sur le terrain de sport d’une école où attendaient deux voitures bourrées d’agents du F.B.I.

Griffin se tourna vers Pitt :

« Avec mon équipe, j’entre par le portail principal donnant sur le quai de chargement. Giordino et vous restez avec Hogan pour tout surveiller depuis l’hélicoptère. Ça devrait être une opération de routine.

— Une opération de routine ! Vous voulez rire ? Vous arrivez à la porte, vous exhibez votre bel insigne et tout le monde se rend. Ça ne se passe jamais ainsi. Ces gens n’hésitent pas à tuer. Vous présenter à découvert, c’est courir le risque d’écoper d’une balle en pleine tête. Vous feriez mieux de demander des renforts. »

Griffin n’était pas homme à recevoir des conseils sur la façon de faire son boulot. Il ignora la remarque de Pitt et donna ses instructions à Jane Hogan :

« Laissez-nous deux minutes pour atteindre le portail avant de décoller. Appelez notre antenne locale et tenez-les informés de la situation. Dites-leur de relayer tout ça au quartier général de Washington. »

II sauta à terre et monta dans la voiture de tête. Les deux véhicules s’engagèrent sur la route conduisant au quai et disparurent derrière la digue.

La jeune femme décolla et établit la liaison radio. Pitt, installé dans le siège du copilote, observait Griffin et ses hommes qui s’approchaient d’une haute clôture entourant les docks et l’entrepôt. Avec un malaise grandissant, il vit l’agent du F.B.I. descendre de voiture et s’avancer vers le portail. Il semblait n’y avoir personne pour l’accueillir.

« Regardez ! s’écria soudain Jane. La péniche bouge ! »

Elle avait raison. Le pousseur s’écartait de la jetée, son museau camus collé à la barge. Le pilote manœuvra adroitement et dirigea les deux bâtiments vers le golfe.

Pitt s’empara d’un casque radio.

« Griffin ! lança-t-il. La barge s’éloigne. Laissez tomber l’entrepôt. Regagnez la voiture et organisez la chasse.

— Bien reçu », répondit la voix de Griffin.

Brusquement, les membres de l’équipage du cargo à quai apparurent sur le pont et arrachèrent les bâches dissimulant deux mitrailleuses Oerlikon, une à l’avant, l’autre à l’arrière. Le piège se refermait.

« Griffin ! hurla Pitt. Foutez le camp ! Pour l’amour du Ciel, vite ! »

L’avertissement arriva trop tard. L’agent du F.B.I. se précipita dans la voiture qui démarra vers l’abri de la digue sous un véritable déluge de feu. Les balles firent exploser les vitres, déchiquetant la tôle et les chairs des passagers. La deuxième voiture s’immobilisa en cahotant tandis que des corps se déversaient par les portières, certains à jamais immobiles, d’autres tentant en vain de ramper pour échapper au massacre. Griffin et ses hommes parvinrent à atteindre la digue, mais tous étaient plus ou moins grièvement touchés.

Pitt, entre-temps, avait ouvert son étui à violon pour en sortir la Thompson et tenter d’arroser la batterie montée à l’avant du Buras. Jane comprit aussitôt son intention et vira sur la droite pour lui offrir un meilleur angle de tir. Les hommes tombaient sur le pont sans comprendre d’où venait ce feu meurtrier. Ceux de l’arrière étaient plus vigilants. Ils abandonnèrent Griffin pour braquer leur Oerlikon vers le ciel. Hogan manœuvra pour éviter la rafale qui les manqua de peu. Elle ne put, cependant, échapper à la suivante. Pitt leva le bras pour se protéger tandis que le pare-brise volait en éclats et que les balles labouraient le fuselage d’aluminium, provoquant des dommages irrémédiables au moteur.

« Je ne vois plus rien », déclara soudain la jeune femme d’une voix étonnamment calme.

Le sang l’aveuglait, giclant des nombreuses coupures qu’elle avait au visage et surtout d’une plaie au cuir chevelu.

A l’exception de quelques éraflures au bras, Pitt était indemne. Il passa la Thompson à Giordino qui était en train de se bander la cuisse à l’aide d’une manche de sa chemise qu’il venait de déchirer. Heureusement, il ne souffrait que d’une légère entaille. L’hélicoptère, qui se trouvait maintenant au-dessus du fleuve, perdait rapidement de l’altitude. Pitt s’empara des commandes et vira pour éviter de justesse un déluge de plomb jailli du pousseur. Une dizaine d’hommes avaient surgi de la timonerie et d’une écoutille de la barge pour prendre l’hélicoptère agonisant sous le feu de leurs armes automatiques.

De l’huile s’échappait du moteur et les pales du rotor vibraient de façon inquiétante. Pitt se rendait compte qu’il livrait un combat sans espoir. Il ne pourrait plus maintenir longtemps l’appareil en vol.

Derrière la digue, agenouillé et soutenant son poignet cassé, Griffin, saisi d’une rage impuissante, regardait l’hélicoptère lutter encore comme un grand oiseau touché à mort. Le fuselage était à ce point criblé de balles qu’il semblait impossible qu’il y eût des survivants à bord. Il assista à l’agonie de l’appareil qui, laissant derrière lui une traînée d’épaisse fumée noire, s’éloigna, vacillant, frôlant la cime des arbres de la rive, pour enfin disparaître à sa vue.

 

Panique à la Maison-Blanche
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